Cadichon et Lison
On raconte que son maître, un pauvre bûcheron, n’ayant pas le cœur à abattre son fidèle compagnon vieux et malade mais qu’il devait néanmoins continuer à nourrir, résolut de l’aller perdre dans les profondeurs de la forêt au grand désespoir de Lison, sa petite fille.
Le temps passa, un jour que la fillette se promenait tristement dans les bois, elle fut assaillie par deux malandrins qui tentèrent de l’enlever. C’est alors que surgissant soudain d’un fourré un animal qui mit en deux ou trois ruades les brigands en fuite. Revenue de sa frayeur, Lison reconnut son vieil ami Cadichon à présent plein de vie, le poil luisant, l’oeil vif et qui lui faisait fête, le suivant dans un buisson où il s’était engagé, elle le vit boire à longs traits dans un petit ruisseau qui coulait sous les branches.
Heureuse de ramener à la maison un Cadichon remis à neuf, Lison conta son aventure à son père, la nouvelle se répandit rapidement dans le village, parvint aux oreilles des autorités qui ordonnèrent des analyses, celles-ci révélèrent une eau riche en substances minérales.
En récompense, Lison fut autorisée à exploiter cette eau, elle gagna beaucoup d’argent, fit un riche mariage et fut très heureuse.
Deux pintes d’eau par jour pendant vingt jours
C’est finalement la même voie que suivit l’abbé Marsonnat. Intrigué lui aussi par cette eau mystérieuse, le bon abbé, aux connaissances scientifiques déjà avancées pour l’époque, se livra à une série d’expériences au cours desquelles il découvrit qu’elle recelait des substances chimiques figurant dans la pharmacopée du temps et utilisées dans le traitement de certaines maladies. Il n’hésita pas à tenter une expérience sur lui-même, et pendant vingt jours, à raison de deux pintes par jour, il but de cette eau et se trouva guéri d’un asthme dont il souffrait depuis trente ans.
Les bienfaits de cette eau miraculeuse se répandirent alentour, et en dépit de l’état lamentable des chemins, de l’absence d’abri qui laissait les malades exposés aux intempéries, et de la période trouble de la Révolution peu propice au développement d’une station thermale, arrivèrent bientôt rhumatisants, goutteux, gastralgiques et autres mal portants.
Le propriétaire de la source entreprit d’exploiter son eau en facilitant l’accès aux piétons et aux cavaliers. Un ancien moulin à huile du château dont les ruines jouxtaient la source fut remis en état, pourvu de sièges, offrant ainsi aux malades un abri décent.
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