L’abbé Marsonnat fit une découverte qui bouleversa la destinée de cette cité

Comme dans la majeure partie de la population de France, les Charbonnois s’adonnaient à la culture et à l’élevage, ils auraient sans doute continué longtemps dans cette voie si la divinité veillant sur les eaux n’avait, un jour de septembre 1778, le 30 pour être précis, guidé les pas de la monture de l’abbé Marsonnat vers un éboulis de rochers que dissimulaient d’épaisses broussailles, et d’où sourdait un mince filet d’eau à l’odeur désagréable, tachant d’ocre les pierres sur son passage et que, malgré sa soif intense son cheval refusait obstinément de boire.

Louis Rougeat de Marsonnat est né le 15 juin 1715 à Ambérieu en Bugey. Ordonné prêtre à Lyon le 19 décembre 1739, il est nommé curé de Tassin en Lyonnais le 2 avril 1740, il dessert également Charbonnières – qui ne deviendra paroisse qu’en 1803 – où il vient chaque dimanche célébrer une seconde messe. Tassin sera sa seule paroisse, il y exercera son ministère durant 57 ans. Sa simplicité et son dévouement lui permettront de traverser la Révolution sans avoir à craindre pour sa vie. Son église fut fermée et ce qu’elle contenait saccagé, mais courageusement défendu par la population, le presbytère fut épargné, les représentants du Peuple en mission rendirent un arrêté lui conservant la jouissance de son habitation sa vie durant.

Il mourut le 25 septembre 1797 et fut enterré civilement, aucun ecclésiastique n’accompagna sa dépouille, aucun signe religieux ne marqua sa tombe, et si les cloches de son église avaient joyeusement salué son arrivée, aucun glas d’adieu ne tomba du clocher.

Un personnage légendaire

Pour les Charbonnois, l’abbé Marsonnat reste le personnage légendaire par qui un petit village insignifiant sortit non seulement de l’anonymat, mais devint une station thermale réputée du XIXème siècle qui, même après que les éléments de sa réussite dans ce domaine eurent disparu, conserva sa renommée grâce au Casino qui fut encore pendant plus d’un siècle le « Casino de Charbonnières-Les-Bains« .

Le souvenir de l’abbé Marsonnat se perpétue par une stèle commémorative scellée sur un mur à la sortie nord de la commune et par une place qui porte son nom.

Pour l’ancienne Carbonariae, le destin avait irrémédiablement basculé ce 30 septembre 1778. Cependant, avant d’aborder gravement un sujet aussi sérieux, il serait dommage de ne pas évoquer une bien jolie légende qui attribue la découverte de la source à un âne du nom de Cadichon.