Le premier établissement thermal de Charbonnières est né

Charbonnières avait été érigée en commune en février 1790, elle comptait alors 274 habitants, femmes et enfants compris.

La République passa, l’Empire aussi, ramenant le calme dans le pays la monarchie revient. En 1827, la station est pourvue d’un médecin-inspecteur des Eaux, il est chargé d’en organiser l’exploitation. En 1843, la source est déclarée d’utilité publique et ouverte officiellement, il était temps !

Jusque là, les malades venaient en cure pour boire l’eau, personne n’avait encore songé à s’y baigner, il fallut que la découverte d’une seconde source en 1845 en donne l’idée. Aux buveurs d’eau viendront s’ajouter des baigneurs, pour eux un établissement de bains avec deux piscines sera construit.

C’est dans le milieu de ce XIXème siècle que Charbonnières devenue « Les Bains » va atteindre son apogée. La station compte une douzaine d’hôtels, dont un de cent chambres, de nombreux logements meublés, des restaurants et des cafés. A une population sédentaire de 500 habitants viendront s’ajouter quelque 20 000 curistes pendant la saison des Eaux qui durait six mois, de mai à octobre.

Hormis les curistes, la station accueillait encore chaque dimanche une foule de citadins plus intéressés par une journée de grand air que par l’eau minérale, ils arrivaient tôt le matin, par voitures particulières, omnibus, diligences ou autres guimbardes, et repartaient la nuit tombée à la lueur des flambeaux en chantant de vieilles chansons. Et en 1876, quand s’ouvrira la ligne de chemin de fer de Lyon Saint-Paul à Montbrison, ce sera le rush ; à titre d’exemple, le jour de l’ouverture de la saison 1889, la gare de Lyon Saint-Paul délivrera mille billets à destination de Charbonnières.

En cette fin de siècle la station recevait non seulement des curistes : buveurs et baigneurs, des villageois avides d’air pur, mais aussi des turfistes attirés par le champ de courses du parc Sainte-Luce. Equipé comme un véritable hippodrome avec sa pelouse, ses tribunes, ses pistes de plat, de trot, d’obstacles, de steeple-chase, il disposait aussi d’un pari mutuel où s’échangeaient parfois des sommes importantes. La seule différence résidait dans les montures, ce n’était pas des chevaux qui couraient, mais des ânes, ce qui posait d’énormes problèmes aux parieurs pour établir leurs pronostics. Les dimanches de courses, c’était par milliers qu’accouraient les spectateurs venus pour le spectacle ou pour le jeu, et certains d’entre eux délaissaient volontiers les hippodromes lyonnais pour Sainte-Luce.