Au début du XXème siècle, la France faisait figure de grande nation riche et prospère. Jusqu’à la première guerre mondiale, Charbonnières connut un temps d’insouciance collective qui la fit qualifier de « Belle Epoque ». Mais, déjà vers 1910, le thermalisme avait beaucoup baissé, on ne trouvait plus que six hôtels dans la station, les curistes se faisaient plus rares, les fêtes manquaient d’entrain, l’inquiétude grandissait, puis ce fut la guerre. On l’avait cru courte …!

1918 ramena une paix larvée, un entre-deux guerres trop bref pour relancer la machine, le cœur n’y était pas, un nouveau conflit menaçait, il éclate en septembre 1939. Charbonnières n’a plus de conseil municipal, une délégation préfectorale le remplace.

Enfin septembre 1944, la Libération, dans une allégresse folle. Après ces longues années de misères, d’angoisses et de privations, les gens sont saisis d’une frénésie de plaisirs et de consommation propre à ceux qui ont échappé à un grave danger.

Les frères Bassinet dirigent la Société des Eaux Minérales depuis 1928. La paix retrouvée, ils font état de projets grandioses.

Après six ans de fermeture le Casino a grand besoin d’une remise en état et d’être modernisé. Les jeux reprennent lentement, mais c’est aux spectacles qu’est donnée la priorité.

De jour comme de nuit, fêtes, galas, récitals, dîners dansants se succèdent. A un public avide de plaisirs, on présente un plateau des plus grandes vedettes de la chanson, de la danse, du théâtre, des manifestations de grande envergure voient le jour.

En 1947, c’est le départ du premier Rallye Lyon-Charbonnières. Il fera une carrière prodigieuse car il dure toujours, il n’aura manqué le rendez-vous que deux fois, en 1948 et en 1974, pour la même raison majeure : manque de carburant.

1949 verra le début d’une autre grande aventure, culturelle celle-ci, elle ne durera que onze ans, mais que de merveilles sortiront du Festival Lyon-Charbonnières !

Pendant ces années, entre juin et juillet, la vie artistique de Lyon va se concentrer sur des hauts lieux de l’art : le théâtre romain et l’Odéon de Fourvière, le parvis de la cathédrale Saint-Jean, l’Opéra de Lyon, la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville, le Palais Saint-Pierre, la chapelle du lycée Ampère, et d’autres encore. Au cours de soirées inoubliables seront présentés des chefs d’œuvres classiques interprétés par des artistes de renommée mondiale. Mais le coût de ces distractions haut de gamme dépasse les possibilités de la Société des Eaux Minérales qui, en 1959 perdra son président Georges Bassinet, cheville ouvrière de toutes ces manifestations ; son frère, André, et successeur, juge ces activités trop onéreuses et se retire du Comité d’Organisation.

Déjà avant la seconde guerre mondiale, Georges Bassinet qui voulait faire de Charbonnières une station digne des plus grandes, projetait de compléter son équipement par un champ de courses, il en avait trouvé l’emplacement en 1930 sur La Tour de Salvagny. Les travaux commencent aussitôt et le 4 juillet 1931 un splendide hippodrome est inauguré dans l’allégresse générale.

Mais l’euphorie du début ne tarde pas à faire place à l’inquiétude quand diminue l’espoir d’une exploitation rapide et d’un rapport substantiel.

Festival Lyon-Charbonnières en 1949

Contrairement aux prévisions, le champ de courses de Villeurbanne ne ferme pas, ce qui réduit dans de fortes proportions le calendrier des manifestations déjà chichement attribué à La Tour de Salvagny.

La crise financière de 1929 n’arrange rien, au Casino, les jeux accusent une baisse sensible. Grâce à l’appui des banques la situation va s’améliorer légèrement, mais si les jeux reprennent, l’hippodrome continue à végéter jusqu’à ce que la guerre le mette en hibernation en 1939.

La paix revenue, Georges Bassinet s’efforce de relancer et les jeux et le champ de courses. Les dimanches de réunion les turfistes retrouvent avec plaisir le chemin de La Tour de Salvagny, on avait bien obtenu quelques autres dates, mais ce n’était pas les meilleures et on ne put jamais dépasser les sept réunions annuelles, fréquentation trop faible pour assurer l’amortissement des lourds investissements.

Le 17 septembre 1965 une dernière réunion d’adieu rassembla ceux qui y avaient cru, puis le champ de courses retourna à son ancien état de parc à moutons. Mais le Festival et l’hippodrome ne sont pas les seuls à coûter et à ne rien rapporter.

En 1973, la Société est contrainte de céder ses parts sur le Casino. En 15 ans, il changera trois fois de mains, aucun des repreneurs ne sera capable de le remettre à flot, certains sont d’ailleurs plus intéressés par le patrimoine foncier que par les jeux de hasard.

Un groupe financier, Reynaud, relancera avec succès les jeux tout en y associant des soirées prestigieuses jusqu’à ce que des incidents se produisent au point d’entraîner le retrait des autorisations de jeux, sanction extrêmement grave qui obligera à la fermeture de l’établissement en 1991. Pendant quatre mois, une dramatique incertitude règnera sur l’avenir de la station, y compris sur les recettes fiscales des deux communes.

Enfin en juin de cette même année un groupe de professionnels de l’univers des casinos, le Groupe Partouche reprend l’affaire, la confiance revient, les autorisations de jeux sont renouvelées et, en quelques années les nouveaux dirigeants font d’un casino moribond le premier Casino de France.